Nous avons voulu en savoir plus sur son parcours et ses priorités.
Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?
Diplômée et agrégée en Philosophie ainsi qu’en Musicologie de l’Université Libre de Bruxelles (et dotée d’un Executive Master en Leadership et People Management), j'ai débuté ma carrière comme chercheuse en musicologie à l’ULB. J'ai travaillé également comme collaboratrice au Théâtre royal de la Monnaie et au Palais des Beaux-Arts et enseigné dans plusieurs établissements d’enseignement supérieur.
Je suis entrée ensuite au Conservatoire royal de Bruxelles comme enseignante (2006) puis conservatrice de la bibliothèque (2008). Passionnée par la vie au Conservatoire, je me suis de plus en plus engagée dans de nombreux projets (Festival Beethoven 250 en 2020) au sein de l’institution. Je suis très intéressée par les questions pédagogiques, c'est pourquoi j'ai activement collaboré à la mise en place des Travaux de Fin d'Etudes exigés depuis 2015. Je suis devenue présidente de l’asbl Union du Corps professoral du Conservatoire royal de Bruxelles (UCPCRB) en 2018.
En tant que conservatrice de la prestigieuse bibliothèque du CrB reconnue mondialement car elle conserve près de 20.000 manuscrits de musique ancienne, j'ai veillé à valoriser les collections et le patrimoine musical belge en organisant des concerts mettant notamment en valeur la musique de compositeurs belge, des expositions, des colloques et des congrès. C’est en ce sens que j'ai initié le Festival Joseph Jongen 150 en cette fin 2023.
J'ai publié plusieurs articles scientifiques consacrés au patrimoine musical et à des pans de l’histoire de la musique en Belgique dans diverses revues scientifiques, dont la Revue belge de musicologie, ainsi qu’un ouvrage portant sur Franz André (1893-1975), chef d’orchestre de la Radio. Correspondance et archives (Bxl, KBR, 2003). J’ai lancé en 2014 la collection Inédits du Conservatoire royal de Bruxelles qui a édité des œuvres d’Anton Fils (2017), Charles-Joseph Van Helmont (2016), Carl-Philipp-Emanuel Bach (2015), Henri-Jacques de Croes (2015) et François-Joseph Fétis (2014).
Vous prenez la suite de Frédéric de Roos. Un mot pour votre prédécesseur ?
Le Conservatoire doit beaucoup à Frédéric de Roos qui a été directeur pendant 20 ans. Un grand investissement et un grand travail accompli ! Il était le 12e directeur depuis 1832 et le 3e en ordre de "mandat le plus long".
Je lui succède donc en devenant la 13e personne à la tête de l'institution et la 1ère femme !
Frédéric de Roos a fait beaucoup pour l'institution. Il est un moteur essentiel dans la "réforme" du Conservatoire pour permettre à la formation d'être reconnue comme Enseignement Supérieur Artistique, en organisant notamment les études en master de 5 ans.
Je le remercie donc très sincèrement pour son travail accompli mais aussi pour son attention particulière à la transmission de la fonction.
Quel est votre projet pour le Conservatoire royal de Bruxelles ?
Une de mes préoccupations majeures est de toujours veiller au maintien et au développement de l'excellence de notre enseignement et d'inscrire cet enseignement dans la tradition qui caractérise notre institution tout en confrontant cette tradition à la société actuelle. Pour paraphraser Paul Ricœur : « Une tradition ne peut rester vivante que si elle est réinterrogée ». Et d’insister sur la notion d'ouverture au monde, aux différentes formes artistiques et langages esthétiques.
Je souhaite également contribuer au développement de l'innovation pédagogique et de la recherche artistique en favorisant des temps de réflexion pédagogique en vue de questionner sur les manières et méthodes d'enseignement et parvenir peut-être, en concertation avec le corps professoral, à de nouvelles pistes. Quant à la recherche artistique, elle est en plein essor et je souhaite que le Conservatoire s'inscrive et s'approprie davantage cette démarche.
Je vais proposer des projets pour contribuer au rayonnement local, national et international du Conservatoire royal de Bruxelles, en soutenant notamment la mobilité internationale, la participation à des projets internationaux, mais aussi l'organisation de concerts et de spectacles pour permettre aux étudiants de se former à la réalité professionnelle.
Je tiens également à faire du Conservatoire royal de Bruxelles un lieu motivant pour l'étude et le travail, en accordant une place à la concertation et l'intelligence collective, en participant à l'amélioration ou au développement de certains points comme la transition numérique et les infrastructures. Je suivrai de près le dossier de restauration du bâtiment historique qui devra être quitté à la fin de cette année académique, avec une solution à trouver pour organiser les cinq prochaines années scolaires hors les murs.
Nous avons la chance d'avoir un Conservatoire reconnu sur le plan international et fréquenté par plus de 700 étudiants issus de plus de 40 pays. Composé de deux domaines (Théâtre et Musique) et de plusieurs départements (Musique classique et contemporaine, Musique ancienne, Rythmes et Rythmiques, Jazz, Pédagogie), l’institution compte plus de 200 professeurs aux talents et expertises variés.
Plus d’infos sur le Conservatoire royal de Bruxelles : https://www.conservatoire.be/